Dans un poste publié aujourd’hui, le Président directeur général du Groupe MADAR, propriétaire du CR Belouizdad, propose une Charte d’éthique pour encadrer le football professionnel et freiner la tendance inflationniste des transferts et des salaires.
Après avoir jouer au ‘’flambeur’’ durant plusieurs saisons en cassant la tirelire comme jamais, à travers des salaires de fou à ses recrues, le patron du Groupe Madar, Amara Charaf-eddine, propriétaire du CR Belouizdad s’est réveillé soudainement pour proposer une sorte de Charte d’éthique pour le football professionnel. Sans détailler, ni donner les contours de ce projet, Charaf-eddine décrit une situation intenable qu’il voudrait freiner, en écrivant :
‘’Pour une Charte d’éthique dans le football professionnel
Le marché des transferts s’enflamme.
Les agents bluffent / manœuvrent ; les joueurs se laissent-aller et les recruteurs conscients ou inconscients payent !
Les faits, déclarations et gestes des acteurs du football vont de l’invective, aux accusations et à la violence verbale.
Les supporteurs, guidés que par les résultats immédiats de leurs clubs, exigent toujours les meilleurs joueurs et entraîneurs, et les plus chers, sans se rendre compte des limites matérielles et sociales des clubs.
Médias et réseaux sociaux soufflent sur le brasier et attisent le feu.
Où va-t-on ?
Une Charte d’éthique et de déontologie du football est plus que jamais nécessaire et d’actualité.’’
Signé, Charaf-Eddine Amara, PDG du groupe Madar propriétaire du CR Belouizdad.
Si le Chabab, vainqueur quatre fois de suite du championnat de Ligue 1 Mobilis (2019/2020, 2020/2021, 2021/2022 et 2022/2023) grâce à une manne qui lui a surtout permis de s’offrir les meilleurs et les plus chers joueurs sur le marché (n’est-ce pas Amir Sayoud émargeant à plus 500 millions de centimes de salaire par mois) et les entraîneurs (Nabil Kouki, dont le salaire était de 450 millions de centimes par mois) voir même des managers (Saïd Allik qui touchait mensuellement 200 millions de centimes avant d’empocher plus d’un milliard de centimes en indemnité de départ !), son propriétaire vient aujourd’hui vouloir tirer la sonnette d’alarme !
D’ailleurs, pourquoi Amara Charaf-eddine n’a pas suggéré un tel projet lorsqu’il était à la tête de la fédération algérienne de football, entre avril 2021 et juin 2022, alors qu’il en avait toutes les prérogatives ? Bien au contraire, il avait non seulement ouvert les vannes aux clubs dès son élection à travers la porte de la Chambre nationale de résolution des litiges (CNRL), mais il a gelé les activités de l’instrument le plus important dédié au football professionnel, à savoir la Direction de contrôle de la gestion et des finances (DCGF) des clubs professionnels en mars 2021. Une sorte de gendarme financier du professionnalisme prévu par la réglementation.
Depuis cette date, la DCGF est inactive, comme du temps de Mohamed Raouraoua, et n’a pas été remise sur scelle, y compris par l’actuel président de la FAF Walid Sadi dont le cheval de bataille est, apparemment, de mettre trois ex-présidents en tôle pour une supposée mauvaise gestion financière de la FAF que de plancher sérieusement sur les vrais dossiers en souffrance du football algérien.
Par ailleurs, Charaf-eddine devrait s’inquiéter aussi du cadre réglementaire duquel doit émaner cette charte, à savoir la Ligue de football professionnel (LFP) qui est toujours sans président depuis le mois d’octobre 2023 et la décision de retirer la délégation de gestion à son ex-président élu, Abdelkrim Medaouar. La LFP, comme sous d’autres cieux, aurait joué certainement un rôle important du fait qu’elle est l’émanation des clubs professionnels de la Ligue 1 qui ont cette obligation de se pencher et d’étudier toutes les questions relatives au football professionnel, dont le volet financier qui comprend plusieurs chapitres (droits TV, fiscalité et parafiscalité, le financement, les salaires des joueurs, …).
A force de céder à une inflation galopante, la crise financière n’est pas loin, et les clubs algériens sont tous économiquement déficitaires dans un environnement budgétivore à tous les niveaux où le sport-roi est passé d’un objet de divertissement de masse à un outil de propagande et de domination.
Au moment où la fédération de Walid Sadi s’évertue de déclencher des enquêtes sur d’ex-dirigeants, est-elle capable d’auditer et de contrôler ce qui se passe au niveau des clubs justement où l’argent du contribuable est également dépensé à tout-va ?
Si l’on a vraiment la volonté de prendre sérieusement en charge la problématique du professionnalisme, il faudra la faire dans sa globalité et dans toute sa dimension socioéconomique, et ne pas se limiter à des intentions ou au traitement d’un volet ou deux comme le plafonnement des salaires, un sujet plus démago qu’une réalité réfléchie et opérationnelle dans un marché censé être ouvert à tous les vents et à toutes les dérives.
De ce projet de Charte d’éthique que propose Amara Charaf-eddine, on attend la suite de ce qui serait ce Salary Cap à la sauce algérienne ou ce smig autour duquel se mettront d’accord, pour une fois, des clubs déjà installés dans l’inégalité financière. Autre problématique à résoudre avant d’appliquer une quelconque charte.