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FECAFOOT – Samuel Eto’o : Coupable ou victime ?

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Le président de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) s’est vu imposer un staff technique et administratif chez Lions Indomptables par le Gouvernement de la république: une situation qui remet en scène la question de l’autonomie de la fédération à l’aune des promesses de campagne de Samuel Eto’o.

La sélection nationale de football masculin du Cameroun traverse ces dernières semaines, une situation sans précédent. Les Lions Indomptables ont en ce moment, deux staffs, tous chapeautés par le belge Marc Brys et son assistant Joachim Mununga. À côté du premier staff nommé par le gouvernement à travers le Ministère des sports et de l’éducation Physique, se greffe un autre staff, cette fois nommé par le Comité exécutif de la Fédération, à travers son président Samuel Eto’o. Jusqu’à ce jour, le bras de fer se poursuit pour le contrôle de la sélection nationale, même si les signaux semblent indiquer une « victoire » du clan gouvernemental.

Une immixtion légitime, et pas entièrement légale !

Cet argument s’adosse sur l’idée selon laquelle, la Fédération est aujourd’hui victime de ses propres turpitudes. En effet, l’implication de l’Etat dans la nomination du staff technique et administratif tient à « la théorie du payeur décideur ». Pour le cas du Cameroun, l’Etat à travers le gouvernement finance en grande majorité les activités des sélections nationales. C’est aussi l’Etat du Cameroun qui paye le salaire de l’encadrement technique de l’équipe nationale fanion. Dans ce contexte, difficile de s’attendre à voir le gouvernement complètement désintéressé des nominations au sein de l’équipe nationale, surtout avec les résultats exécrables de ces dernières années. C’est d’ailleurs à ce titre que le chef de l’État s’était engagé lors de son discours à la jeunesse le 10 février dernier: « L’Etat dans le contexte difficile qui est le nôtre, consent de lourds sacrifices financiers à cet égard [pour le football]. Il est donc en droit d’exiger une meilleure organisation et de meilleurs résultats. Nous allons y veiller. Le gouvernement et tout particulièrement le ministère en charge des sports, ont reçu des instructions claires sur le sujet » indiquait Paul Biya, annonçant ainsi une plus grande implication de l’Etat dans la gestion et l’organisation du football.

Une situation pourtant évitable !

C’est évident, l’implication de l’Etat dans les prérogatives de la FECAFOOT est la conséquence de l’échec de la gouvernance des dirigeants actuels de la Fédération. Dans son projet de société au moment de sa campagne pour l’accession à la tête de la fédération, Samuel Eto’o s’était engagé à attirer des investisseurs et sponsors, afin de sortir la fédération de l’hyper dépendance financière de l’Etat. Sauf que plus de 2 ans plus tard, la dépendance de la fédération vis-à-vis de l’Etat semble davantage s’agrandir. Pas l’ombre d’un réel nouveau sponsor, en dehors des sponsors traditionnels (…). La fédération est donc victime de ses propres errements, car si elle avait réussi le challenge de s’autofinancer et assurer les salaires du staff technique, l’Etat n’aurait plus de réels moyens de chantage, et s’écarterait simplement de la gestion pour laisser les mains libres, ou du moins plus de marge de manœuvre à la FECAFOOT.

Coupable ou victime ?

L’arsenal juridique qui encadre l’organisation des sélections nationales du Cameroun invite au consensus entre la fédération et le ministère pour la désignation des membres du staff des Lions Indomptables. Dans l’esprit de la convention de 2015 entre les deux institutions, l’Etat s’est arrangé à s’arroger plus de pouvoirs que la fédération qui a accepté bon gré mal gré. C’est l’Etat le principal pourvoyeur de fonds, alors difficile de lui résister, et impossible pour l’Etat de ne pas faire des conventions taillées à la juste mesure de ses propres intérêts. Toute personne détenant le pouvoir étant tenue à en abuser, l’Etat a outrepassé ses prérogatives en nommant jusqu’aux membres de l’encadrement administratif de la sélection nationale au grand dam de la fédération. Le téméraire Samuel Eto’o tente de riposter, mais que peut-il réellement face à un gouvernement qui est son principal créancier ? Que peut-il face à un gouvernement auprès duquel il peine à rembourser les 2,7 milliards de FCFA de prêt contractés pour la participation des Lions à la coupe du monde il y a deux ans ? Que peut-il face à Un gouvernement au quel appartient l’essentiel des infrastructures qu’utilise la fédération pour ses compétitions ? Que peut-il face à un gouvernement qui tient la manette fiscale des quelques sponsors de la fédération ? Que peut-il face à un gouvernement dont la fédération dépend très fortement d’un sur le plan financier ? Que peut-il face à un gouvernement autoritaire qui broie toute velléité d’indépendance des associations exerçant sur son territoire ? Que peut-il face à un gouvernement qui a dû valider son accession à la tête de la fédération ?

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