Latéral gauche de formation, c’est pourtant en tant que gardien de but que Chaker Alhadhur s’est illustré. Ce nom serait peut-être passé inaperçu s’il n’y avait pas eu les 8es de finale de la CAN 2021 entre le Cameroun et les Iles Comores.
« Héros » de tout un peuple sans le vouloir, le latéral gauche de l’AC Ajaccio, devenu gardien de but à la CAN 2021 par devoir patriotique, nous donne de ses nouvelles et est revenu sur les faits plus d’un an après au micro d’footdialna.com.
Le 24 janvier 2022, les Comores affrontaient le Cameroun pour le compte des huitièmes de finale de la CAN 2021. Au coup d’envoi de cette rencontre, les Insulaires sont partis avec un handicap de 6 joueurs atteints de Covid-19, dont deux gardiens de but. Ben Boina étant blessé, il ne leur restait qu’une seule option : mettre un joueur de champ dans les buts. C’est en ce moment que s’est illustré Chaker Alhadhur, le latéral gauche de l’AC Ajaccio. Dans une interview exclusive à nous accordée, il raconte cette incroyable aventure. « Je vais bien et je suis toujours à l’AC Ajaccio », a-t-il commencé par déclarer avant de nous raconter ses « souvenirs inoubliables » de la CAN 2021.
Ce sont des souvenirs inoubliables
« Ce sont des souvenirs inoubliables. C’était un objectif de jouer une CAN avec mon pays les Comores, donc avoir réussi à atteindre cet objectif, c’est une satisfaction. Après, le parcours qu’on a fait, a été aussi incroyable. Sur le plan collectif et sur le plan personnel, c’est inoubliable. On a fait ce qu’on pouvait. On a fait un beau parcours. Après ce qui m’est arrivé lors du dernier match contre le Cameroun reste aussi un souvenir inoubliable. Sur le plan personnel, c’est beaucoup d’émotions et beaucoup de souvenirs qui sont restés gravés dans ma mémoire et dans celles des comoriens. C’est une vraie fierté pour nous de l’avoir fait », nous a expliqué Chaker Alhadhur.
Je n’avais pas des aptitudes de gardien
Latéral de formation, ce n’est pourtant pas en jouant à son poste de prédilection qu’il sait fait connaître à la CAN. Il s’est vu remettre les gants par la force des choses. Une histoire « dingue » qu’il a voulu nous raconter.
« Tout a commencé par l’histoire de Covid-19 où nous avons enregistré 12 cas, dont 6 joueurs y compris nos deux gardiens de buts restants. Il y avait déjà un gardien blessé, Ben Boina, et les deux autres contaminés par le Covid-19. Donc on n’avait pas de gardien de but pour jouer contre le Cameroun, du coup, il fallait mettre un joueur de champ. Ce n’était pas facile de désigner le joueur qui allait rester. Je me suis désigné et d’autres coéquipiers se sont proposés aussi. Le sélectionneur aussi avait le Covid-19, et c’est le coach adjoint qui a dirigé le groupe. C’est lui qui m’a désigné. », a notifié l’ancien de Châteauroux.
« Je n’avais pas des aptitudes de gardien parce que je suis nul à ce poste. Il voulait un joueur qui puisse jouer au ballon, qui puisse s’intégrer dans le collectif en tant que libero. C’est moi qui correspondait le mieux à ce profil-là. C’est là que j’ai mis les gants. », a-t-il avoué.
Je ne me vois pas comme un héros
Gardien de but de fortune, Chaker Alhadhur a été vu comme un héros pour beaucoup de fans. Mais ce dernier ne se voit pas ainsi. Pour lui, c’est juste un service rendu à la patrie. » Je ne me vois pas comme un héros. C’est un service que j’ai rendu à mon pays, à l’équipe, je pense que n’importe quel joueur de l’équipe l’aurait fait. Il fallait en désigner un, c’était moi, ça aurait pu être un autre. J’ai essayé d’y mettre tout mon cœur, et essayer de faire ce que je pouvais sur le terrain, et grâce à Dieu ça s’est bien passé. Certes, on a perdu, mais dans l’ensemble ça s’est bien passé. Mais dire que j’ai été un héros, c’est beaucoup trop. », a clarifié le Corse au micro d’footdialna.com.
Après une telle prestation dans une compétition comme la CAN attire beaucoup de regard, et il n’a pas été épargné à ça, même si ce n’était rien de méchant. « Le regard de mes proches, il n’a pas changé. Au niveau de ma famille, c’était beaucoup de fierté, ils étaient heureux pour moi. Mes coéquipiers m’ont beaucoup chambré, et aujourd’hui ils me chambrent encore. Sinon mes amis, ils étaient contents et beaucoup de chambrage aussi. Ils m’ont beaucoup taillé. C’est que de la rigolade. Sinon, c’est que de fierté. Ils étaient heureux pour moi », a-t-il laissé entendre.
C’est important pour le nouveau sélectionneur de connaître déjà son groupe
Un an après cette épopée, des lignes ont bougé chez les Coelacanthe. Le coach Amir Abdou est parti, laissant la place à son adjoint Zerdouk, un autre manager général est nommé. Mais cela n’empêche pas le bon fonctionnement du groupe. Chaker Alhadhur nous en parle.
« L’ancien sélectionneur (Amir Abdou) est parti entrainé la Mauritanie, et c’est son ancien adjoint (Younes Zerdouk) qui est maintenant sélectionneur, on a un nouveau manager général, Kassim Abdallah, qui est un ancien joueur. Mais c’est un nouveau staff qui connaît très bien le groupe. Après l’effectif n’a pas trop changé non plus. Il y a quelques jeunes qui se sont intégrés, mais dans l’ensemble, il n’a pas trop changé donc c’est quasiment le même groupe et tout le monde se connaît très bien. C’est important pour le nouveau sélectionneur de connaître déjà son groupe. », a déclaré Chaker Alhadhur.
Il faut noter que les maillots de Chaker Alhadhur au cours de cette CAN sont devenus mythiques. Avec plaisir il les a envoyés à trois associations (une au Comores et deux en France) pour des œuvres caritatives. Chaker Alhadhur est également présent dans l’effectif des Comores qui affrontent la Côte d’Ivoire à deux reprises pour le compte des 3è et 4è journée des éliminatoires de la CAN 2023.