Tiré par l’Espagne et le Maroc notamment, le jeune Lamine Yamal s’est peut-être décidé, mais c’est loin d’être une option définitive.
Lamine Yamal est un joueur africain d’origine, mais qui a fait ses classes en Europe, plus précisément en Espagne. Cette saison, il est inscrit dans l’équipe première du FC Barcelone et ne cesse de susciter beaucoup d’admiration à chaque match. Mais pour exister en tant que footballeur, il lui faut une nationalité sportive. Pour l’heure, Lamine Yamal est un joueur espagnol. Toutefois, il a encore la possibilité de revirer vers le Maroc ou la Guinée Equatoriale d’où sont originaires deux parents.
Lamine Yamal convoqué en équipe espagnole, toute une machination autour
Lamine Yamal est finalement appelé chez les A de l’Espagne. Alors qu’il évoluait sagement dans les catégories de jeunes jusqu’ici, l’intérêt du Maroc a mis le feu aux poudres au sein des instances espagnoles. Ceci n’est rien d’autre qu’une méthode du camp espagnol pour anticiper sur un éventuel revirement du footballeur de 16 ans. Mais pour y parvenir, il a dû déployer toutes ses forces et influences autour de Lamine Yamal. La Fédération royale espagnole de football a clairement usé de tous les moyens possibles pour attirer le joueur du Barça dans son camp.
Parlant du Barça, c’est aussi un canal qui a participé à cette campagne autour de Yamal. Le club lui aurait fait savoir qu’en optant pour le Maroc, il irait pour la CAN 2023 en janvier prochain et donc avec la possibilité de perdre sa place au sein de l’effectif de Xavi. Ce dernier n’est pas non plus resté en retrait. Tous s’y sont mêlés pour exercer une pression folle sur le jeune joueur. Il était donc presque inévitable pour Lamine Yamal de survivre à cette avalanche d’influences. Certainement étouffé par toutes ces tentatives de le dissuader d’aller pour le Maroc, il a dû accorder son « oui » pour un temps soit peu calmer le jeu.
« S’il joue pour l’Espagne, bon courage à lui », Walid Regragui
En conférence de presse jeudi 31 août, Walid Regragui est apparu trop pessimiste quant à la possibilité pour le Maroc de compter Lamine Yamal dans sa sélection. Le sélectionneur marocain a dit que tout a été fait pour tenter de ramener le jeune footballeur à ses origines. « C’est un garçon de 16 ans, qui vient de les fêter il y a tout juste un mois. Il a une décision très difficile à prendre. Nous, c’est-à-dire la FRMF et moi, avons travaillé pour qu’il vienne. C’est un choix compliqué », s’est confié Walid Regragui.
Le sélectionneur des Lions de l’Atlas veut bien pouvoir compter sur Lamine Yamal dans son groupe tôt ou tard. D’après lui, les portes de la sélection marocaine sont toujours ouvertes à l’attaquant de 16 ans. « Nous ne pouvons pas obliger qui que ce soit à jouer pour le Maroc, surtout s’il est né à l’étranger et a joué pour les catégories de jeunes de l’Espagne. J’ai rencontré le jeune et je lui ai exposé nos plans et nos ambitions. S’il joue pour l’Espagne, bon courage à lui. S’il nous choisit nous serons heureux, vu sa qualité et ce qu’il peut apporter. Nous sommes ouverts avec lui et nous attendons ce qui va arriver dans les semaines à venir », a fait savoir Walid Regragui.
Espagne ou Maroc ? Lamine Yamal a plus de temps qu’on ne le croit
Alors que la trêve internationale approche, c’est la lutte entre les fédérations concernées par la carrière en sélection de Lamine Yamal. Elles sont principalement deux à se lancer dans cette bataille dont l’issue reste sans définition exacte.
L’Espagne espère convaincre le joueur qu’il a vu naître et grandir sur ses terres. Pendant ce temps, le Maroc postule pour récupérer la pépite du Barça avec pour argument que le père de celui-ci est Marocain. Le dilemme s’offre donc à Lamine Yamal, sauf que son choix immédiat ne sera pas le plus important. Il peut bien prendre partie pour l’une des deux sélections. Ceci sans occulter le fait qu’il dispose d’une bonne marge pour revenir sur sa décision. Ce ne serait d’ailleurs pas le premier cas dans ce genre.
Ezzalzouli, Aouar, Laïdouni, M’Bolhi et plusieurs autres avant Lamine Yamal
En ce qui concerne le choix de sa sélection en étant jeune, Lamine Yamal n’est pas le premier à y être confronté. Avant lui, beaucoup de footballeurs ont également eu le privilège ou l’embarras de décider entre deux nationalités sportives. Les exemples sont légions. Le plus récent apparent à celui de Lamine Yamal est le cas Abde Ezzalzouli. Celui-ci avait longtemps été promis pour l’Espagne. En fin de compte, il joue pour le Maroc sous les couleurs duquel il a eu le plaisir d’atteindre les demi-finales de la Coupe du monde et de remporter la CAN U23.
L’exemple de Ezzalzouli fait appel à un autre, celui de Munir El Haddadi. C’est d’ailleurs lui qui a ouvert la porte à cette possibilité de changer de nationalité bien qu’ayant joué pour une autre sélection A. En 2014, il est appelé en équipe nationale espagnole sénior pour la première fois. Ceci est sans incidence pour lui qui peut toujours représenter le Maroc, puisqu’il n’avait que 19 ans à l’époque. Mais alors qu’il avait déjà 21 ans, l’ancien du FC Séville a joué 3 matchs officiels avec l’Espagne, comptant pour les éliminatoires de l’Euro U23. Ce qui compromet ses chances chez les Lions de l’Atlas. Après moult tentatives, les Marocains parviennent à obtenir de la FIFA une mesure flexible dans le règlement lié au changement de nationalité sportive des footballeurs. Le 26 mars 2021, il fait ses débuts avec le Maroc.
En dehors des deux susmentionnés, Houssem Aouar a aussi fait un rétropédalage. Promis à un bel avenir avec les Bleus de France, le désormais international algérien n’a joué qu’un match en équipe française sénior. Aujourd’hui, il compte deux matchs avec les Fennecs de l’Algérie. Cependant, il n’est pas le seul international algérien à avoir connu cela.
Avant lui, Raïs M’Bolhi a opté pour l’Algérie de sa mère Aïcha au détriment de la RD Congo de son père. Le gardien de but aujourd’hui âgé de 37 ans avait également la possibilité de jouer pour la France. Mais après avoir évolué avec les sélections de jeunes françaises (U17, U18), il s’est tracé une tangente pour aller défendre les couleurs algériennes. Un choix couronné par la consécration à la CAN 2019 avec l’Algérie. Sans doute le plus bel hommage que Raïs M’Bolhi aurait aimé faire à sa mère. Contrairement à M’Bolhi, Aïssa Laïdouna a de son côté laissé l’Algérie au profit de la Tunisie. Depuis 2021, il défend les couleurs des Aigles de Carthage avec lesquelles il a dernièrement pris part à la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Rien ne presse finalement Lamine Yamal
Au vu de tout cela, on est tenté de dire qu’un choix de Lamine Yamal en ce moment pourrait être une simple diversion. Celui-ci n’est âgé que de 16 ans actuellement et n’a joué que pour les sélections de catégorie d’âge d’Espagne jusque-là. Rien ne sera définitif pour lui de sitôt, du moins pas avant quelques années.
Pour le moment, le jeune ailier droit profite de son temps de jeu au FC Barcelone pour sa première saison en tant que footballeur professionnel. Lamine Yamal présente une statistique de 2 passes décisives en 3 matchs joués.