Ce mercredi en début de matinée, les Lionnes indomptables du Cameroun seront opposées à la Seleçao du Portugal pour une place en Coupe du Monde. Deux équipes aux caractéristiques différentes mais à l’ambition identique, la qualification. Forces en présence, état de forme récent, rapport de force tactique, la rédaction d’Afrique Foot United vous propose les grilles d’analyse de cette affiche alléchante et très attendue par toute l’Afrique.
Cameroun – Portugal de ce mercredi, c’est l’histoire de deux prétendants pour une place au concert des meilleures nations du monde. Si l’Europe a déjà la garantie d’avoir 11 participants à la grande messe du football mondial, l’Afrique n’en dispose que 4 actuellement. Une 12e pour l’Europe ou une 5e pour l’Afrique, voilà résumé l’équation de l’opposition entre le Portugal et le Cameroun en match de barrages à Hamilton. Le Portugal, 22e nation au classement FIFA respectera-t-il son rang ? Le Cameroun, 58e, créera-t-il la sensation en battant son adversaire pour s’offrir une troisième qualification consécutive en coupe du monde de Football féminin ? L’équipe camerounaise a-t-elle les moyens d’écarter le Portugal ? Décryptage.
L’état de forme !
Même si les deux équipes n’ont pas affronté les mêmes adversaires sur leurs 10 dernières rencontres, les états de forme des portugaises et des camerounaises renseignent minimalement sur le niveau des différentes équipes.
Sur ses 10 dernières rencontres, le Portugal totalise 7 victoires, 1 nul contre 2 défaites. Les deux défaites ont été concédées face à la Suède et les Pays-Bas, des cadors du football féminin mondial, respectivement 3e et 8e au classement FIFA féminin. Face aux autres nations hors du Top 10 FIFA, la Seleçao s’en sort plutôt aisément. Ainsi, la Belgique (20e), la Nouvelle Zélande 24e le Costarica (37e), la Haïti (55e), des nations pourtant toutes mieux classées que le Cameroun, ont subit la loi du Portugal.
Côté camerounais le bilan sur les 10 dernières rencontres est mitigé. Les pouliches de Gabriel Zabo ont inscrit 11 buts, en ont concédé 9 pour 5 victoires 3 nuls et 2 défaites. Si les Lionnes se sont inclinées logiquement contre la France, l’inquiétude pourrait résider dans leur incapacité à briser le plafond de verre nigerian, face auquel le Cameroun a encore été battu à la CAN au Maroc. À l’exception de la Thaïlande, les 4 autres dernières victoires des Lionnes ont été acquises face à des adversaires africains moins bien classés que le Cameroun au Ranking FIFA. Les nuls face au Togo (1-1) et au Sénégal (2-2), eux aussi moins bien classés que le Cameroun, renseignent sur l’état de forme des Lionnes.
Les forces en présence !
L’équipe du Portugal est une équipe constituée de joueuses évoluant pour la très grande majorité dans le championnat portugais. Elles se sont pour la plupart côtoyées dans les sélections de jeunes en équipe nationale du Portugal, et même en club. Dans le 11 entrant qui a battu Haïti (5-0) en amical vendredi par exemple, 10 joueuses évoluent en première division portugaise. Une seule (Ana Capeta) évolue au PSV Heindoven aux Pays-Bas, bien que formée au Sporting Portugal où elle a passé plus de 10 années.
Pas très grandes de tailles, les portugaises sont rapides, puissantes physiquement et tactiquement aiguisées. Elles ont aussi l’avantage d’une grande cohésion dans le jeu, du fait de leurs longues expériences communes en club et en sélection. Benfica Lisbonne, Sporting Portugal et Braga, sont les trois équipes qui fournissent en majorité la sélection portugaise.
Chez les Lionnes indomptables, l’équipe est constituée d’un mélange entre la vieille garde amenée par la Capitaine Gabrielle Aboudi Onguéné, Falone Meffometou, Estelle Johnson, Marie Aurelle Awona et Nchout Ajara, toutes déjà trentenaires, auprès desquelles se greffent des jeunes qui frappent à la porte. Monique Ngock, Fatimatou Kome et autres Brenda Tabe. Équipe très hétérogène dans son ossature globale, elle a le désavantage de la grande disparité des championnats où évoluent ses joueuses. Russie, Cameroun, États-Unis, Italie, France, les camerounaise proviennent de divers horizons. Athlétiquement juste, tactiquement moyenne et physiologiquement fébrile, l’équipe du Cameroun a aussi le désavantage de son adversité en zone Afrique, réputée pas très rude.
Le rapport de force tactique !
La question ici est de savoir qui aura le contrôle du jeu. Et pour y répondre, il faut questionner l’attitude tactique des différents protagonistes sur leurs dernières rencontres. À ce jeu, le Portugal se révèle être une équipe qui aime la possession de balle, car ayant des éléments capables de l’assumer, en s’extirpant du pressing adverse. Avec sa maîtresse à jouer, Dolores Silva (32 ans, Braga) le Portugal a la garantie de posséder la balle. Avec sa coéquipiere en club Vanessa Malho et Andreia Morton du Benfica, elles forment un trio rodé à la possession de la balle, mais surtout capable d’alterner avec le jeu direct, notamment avec les attaquantes excentrées Ana Capeta (droitière qui évolue à gauche) et Jessica Silva (gauchère qui évolue à droite).
Les montées incessantes des latérales Lucia Alves (gauchère dotée d’une excellente qualité de centre) et Ana Borges (latérale droite pouvant évoluer comme ailière ou attaquante), font de la Seleçao une équipe redoutable en transition offensive.
Le Portugal a aussi la particularité de savoir détourner l’attention de son adversaire sur un côté avec le jeu de passe en triangle (latérale, ailière, milieu) pour rapidement renverser côté opposé et conclure grâce à l’adresse de Diana Silva, l’attaquante su Sporting. Ce type de phase est la copie conforme du premier but inscrit face à Haïti avec Jessica Silva à la finition.
Côté camerounais, c’est un jeu qui est encore en quête de repères. La volonté de possession de balle du sélectionneur semble se heurter au niveau technique et tactique des joueuses globalement moyen. Ainsi, Gabriel Zabo a tenté 3 systèmes de jeu différents sur les 5 derniers matchs. Si le 3-5-2 a donné plus de satisfaction notamment face à la Tunisie (2-0) et face à la Thaïlande (2-0), il reste à le mettre à l’épreuve d’une adversité bien plus corsée.
Parfois face à une forte adversité côté camerounais, on a l’impression d’une absence de tactique (stratégie). La technique individuelle semble souvent très faible, et la maîtrise collective prend un coup. Face à la Thaïlande on a pourtant vu les prémices d’une équipe ambitieuse dans son animation offensive, avec les pistons (Ndzana et Meffometou) entreprenants. Mais tout cela, si pas appliqué et discipliné avec plus de rigueur, pourrait couler face à la vitesse des ailières portugaises. L’autre grosse inconnue côté camerounais est le poste de gardien de but, car la titulaire étant suspendue, on est dans une sorte d’inconnue avec ses deux remplaçantes Ongmahan et Biya.
Qui va donc l’emporter ?
L’issue d’une rencontre de football reste un mystère. Généralement irrationnel et surtout incertain, un match de football s’analyse cependant par des éléments rationnels. Pour le cas d’espace, Avantage au Portugal sur l’état de forme, du fait de ses 7 victoires sur les 10 derniers matchs. Les forces en présence prises de façon individuelle aussi, laissent un léger avantage au Portugal, du fait de l’homogénéité dans son effectif, ce qui lui confère une meilleure cohésion et maîtrise collective. Du point de vue strictement rationnel, le rapport de force tactique devrait tourner en faveur du Portugal qui devrait avoir le contrôle du jeu. Toute chose qui, ne garantit point la victoire finale, du fait du caractère irrationnel et incertain de l’issue d’un match de football.
Le Cameroun devrait sont aborder la rencontre avec à l’esprit beaucoup d’humilité, surtout en ne considérant pas la victoire relativement facile face à la Thaïlande comme baromètre ou référence, mais surtout être clinique dans la zone de finition.