Le royaume chérifien (Maroc) a finalement choisi de se greffer au Portugal et à l’Espagne pour organiser la coupe du monde 2030, un choix problématique, puisque le Maroc pouvait trouver de meilleurs alliés sur le continent africain.
Le roi Mohammed VI a annoncé mardi 14 mars la candidature du Maroc, aux côtés de l’Espagne et du Portugal, pour l’organisation du Mondial Africain de 2030. « J’annonce devant votre assemblée que le royaume du Maroc a décidé, avec l’Espagne et le Portugal, de présenter une candidature conjointe pour abriter la Coupe du Monde 2030 », a indiqué le souverain dans un message adressé à l’occasion de la remise du Prix de l’excellence 2022 de la Confédération Africaine de Football.
Après cinq échecs (1994, 1998, 2006 et 2010 et 2018), le Maroc semble donc avoir trouvé la bonne formule qui lui permettra de passer le cap de candidat à l’organisation du mondial, à pays organisateur de la coupe du monde.
Une ambition noble, puisque qu’en organisant la coupe du monde, le Maroc entend vanter sa société dynamique, moderne et ouverte, parfaire sa notoriété internationale et renforcer son influence régionale. Ce qui lui permettra de renforcer sa visibilité au sein des instances sportives internationales.
Une candidature africaine
Mais la question qui est sur toutes les lèvres est de savoir pourquoi le Maroc a choisi de s’allier à l’Espagne et au Portugal des pays européens, plutôt que de s’associer à des pays comme l’Egypte, l’Algérie ou encore le Nigeria pour produire une candidature africaine, même si certains de ces pays n’ont jamais manifesté la volonté de co-organiser une coupe du monde ?
Avec une coupe du monde organisée en terre africaine, les 100 ans de la Coupe du monde aurait été plus beaux et plus symboliques. Symbolique parce que la compétition aura fait le tour de presque tous les continents lors des 26 années précédant le centenaire. Brésil 2014 (Amérique du Sud), Russie 2018 (Europe), Qatar 2022 (Asie), Etats Unis- Canada et Mexique 2026 (Amérique du Nord et centrale) 2026 et Maroc-Egypte 2030 (Afrique).
Symbolique encore parce qu’une coupe du monde en terre africaine en 2030 aurait montré que le football a connu une avancée significative en 100 ans. Car en 1930, lors de la première édition de la Coupe du monde, on ne pouvait pas s’imaginer qu’un pays africains puisse organiser une coupe du monde.
Et ce ne sont pas les atouts qui pouvaient manquer aux pays d’Afrique. Sur le plan technique, si on considère une candidature couplée entre le Maroc et l’Egypte qui ont ouvertement manifesté leur volonté d’organiser une coupe du monde, l’on se rendra compte que les deux pays pouvaient offrir une vingtaine de stades, dont 12 pour le Maroc et au moins 8 pour l’Egypte. Les deux pays offraient aussi la carte de l’homogénéité et de la commodité: une seule législation, une seule monnaie dans chaque pays. Avec l’avantage de regrouper une vingtaine de villes hôtes de la compétition, pas très éloignées les unes des autres, les moyens logistiques de pointe.
Sur le plan économique, le Maroc et l’Egypte peuvent générer bien plus de revenues du fait que ces deux pays attirent les touristes du monde entier. Le positionnement géographique stratégique du Maroc au carrefour de deux continents était également un atout. Coté commercial les deux pays qui ont des fuseaux horaires proches de ceux de l’Europe pouvait séduire, notamment au niveau des droits TV avec l’assurance d’offrir une diffusion aux mêmes fuseaux horaires que l’Europe.
Quid des chances d’une candidature africaine
En s’associant à deux pays européens pour l’organisation du mondial, le Maroc a clairement porté un coup aux chances du continent africain d’organiser une coupe du monde dans les prochaines années. Avec le passage de 32 à 48 équipes pour les prochaines éditions de la coupe du monde, le continent africain perd un gros atout comme le Maroc qui pouvait appuyer les pays comme l’Egypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud ou encore le Nigeria pour l’organisation de la coupe du monde.
Le Maroc qui a multiplié les partenariats avec les fédérations africaines, ces dernières années, pouvaient user de la même diplomatie pour encourager une candidature unique pour l’organisation de la coupe du monde. Mais Rabat s’est juste contenté de grappiller des suffrages auprès de ses pairs et d’aller jouer le petit poucet auprès de l’Espagne et du Portugal.
Avec ce choix, certains pense que le Maroc continue de développer un complexe d’infériorité vis-à-vis du continent européen. Pourtant le royaume chérifien devrait se rendre à l’évidence qu’il appartient à un continent qui a des atouts parfois meilleurs que ceux des pays d’Europe. Car en matière d’infrastructures sportives par exemple, l’Afrique du Sud a un potentiel bien plus attrayant que le Portugal et l’Espagne.
Le royaume chérifien devrait surtout sortir de ses vielles habitudes, qui passent souvent aux yeux de ses frères de sang comme de la trahison. Mais avant tout, le recordman des candidatures à l’organisation d’une coupe du monde doit d’abord se considérer comme un pays africains à part entière.