Il est considéré tout simplement comme l’un des plus grands de l’histoire de l’athlétisme, si non le plus grand pour certains, au point que comme les grands champions, il divise l’histoire entre les athlètes avant lui et tous les autres qui lui ont succédé. Mais une chose est très sûre, il a incontestablement inspiré toutes les générations : il s’agit d’Abebe Bikila. Retour sur l’immense vie et carrière d’un champion unique.
S’il ne s’est inspiré de personne, Abebe Bikila a été un exemple pour beaucoup. Né le 7 août 1932 à Jato, l’Éthiopien était un favori du Ciel, le destin de la providence divine avait laissé des marques de gloire sur lui. En effet, Abebe Bikila a poussé ses premiers cris sur terre le jour de l’épreuve du marathon des JO de Los Angeles en 1932. Le destin était bien tracé et il l’accomplira des années plus tard.
Dès son avance, Abebe Bikila développait des aptitudes de marathonien. Alors qu’il a vite compris qu’il était né pour dominer le monde, le natif de Jato s’est mis à s’entraîner seul sans l’aide de personne, et ce, pendant deux ans, avant d’être repéré par les instances de l’athlétisme éthiopien. Ainsi s’ouvrait le chemin de la gloire.
La conquête de Rome à pieds nus
En 1960, Abebe Bikila participe à sa première grande compétition, et c’est aux JO de Rome. Dans la ville Éternelle, il se révèle et écrit l’histoire. Appelé en remplacement d’un coureur blessé, il s’aligne sur l’épreuve du marathon sans chaussures aux pieds. Contre toute attente, Abebe Bikila remporte la course en 2 heures 15 minutes 16 secondes, record du monde. Il s’offre ainsi son premier titre olympique en surclassant de 25 secondes le favori marocain, Abdeslam Radi.
C’était irrationnel, à 28 ans, Abebe Bikila conquiert Rome, alors qu’un jour plus tôt, il était totalement dans l’anonymat. Son triomphe a rendu stupéfait les Romains qui n’ont pas eu d’autres choix que de s’incliner devant cet exploit majuscule, du jeune Bikila sorti d’une région très pauvre. Grâce à son or sur la terre bénie de Rome, Abebe Bikila est devenu le premier athlète noir sacré dans une épreuve olympique.
Tokyo, ville d’un nouvel exploit monumental
Après avoir conquis Rome, Abebe Bikila est devenu un symbole dans son pays. Quatre ans plus tard, le champion olympien va à l’assaut des JO de Tokyo. Là encore, il accomplit quelque chose d’insensé et d’inexplicable. Alors qu’il avait été opéré le 16 septembre 1964 de l’appendice à 35 jours des JO, Abebe Bikila surprend la planète olympique dans la capitale japonaise. Aligné sur l’épreuve du marathon cette fois-ci avec des chaussures aux pieds malgré sa convalescence, le champion hors norme s’impose en 2h 12 minutes 11 secondes, établissant ainsi un nouveau record mondial. Il a surclassé nettement la concurrence, car le deuxième a accusé quatre minutes de retard sur lui.
Cette victoire est encore historique, car Abebe Bikila devenait le premier athlète à s’offrir l’épreuve du marathon olympique deux fois de rang. Il reçoit l’admiration de tous. En Ethiopie, il a été accueilli en héros, célébré dans toutes les régions, puisque à travers lui, son pays s’est fait un nom dans le monde.
La mésaventure de Mexico
Fierté de tout un peuple et de tout un continent, Abebe Bikila devient la valeur évocatrice des JO, légende des courses de fond et symbole de la réussite. Après avoir remporté l’or coup sur coup aux JO de Rome et de Tokyo, Abebe Bikila vit sa première mésaventure aux JO de Mexico de 1968. Alors qu’il s’était engagé pour défendre son double titre dans l’épreuve du marathon, il a abandonné la course après 15 kilomètres, car victime d’une fracture au péroné quelques jours avant le début de la fête olympique. Ce fut le signe d’une fin triste.
Une fin très triste pour Abebe Bikila
Le destin du champion va virer à la tragédie. Un an après sa mésaventure aux JO de Mexico, Abebe Bikila a été victime d’un accident de circulation le 22 mars 1969 sur une route Addis-Abeba. La nuque brisée, il est admis aux urgences à Londres dans un avion spécial affrété par l’empereur Haïlé Sélassié. Après huit mois à lutter contre la mort, il survit mais perd l’usage de ses deux jambes.
Condamné à un fauteuil roulant, Abebe Bikila se rend aux JO de 1972 en tant que spectateur et est ovationné par le public du stade de Munich. Ce fut sa dernière ovation de son vivant, puisque qu’en 1973, il meurt à Addis-Abeba à l’âge de 41 ans des suites d’une hémorragie cérébrale. L’histoire nous renseigne que 65000 personnes ont accompagné la légende éternelle à sa dernière demeure.
Le champion ne vit plus, mais il inspire tous les athlètes notamment éthiopiens, qui à chaque fois ne rêvent que d’exploits à l’image de l’icône Abebe Bikila.
