André Onana, longtemps présenté comme l’un des gardiens africains les plus talentueux de sa génération, traverse aujourd’hui une période délicate avec la sélection camerounaise. Celui qui était autrefois acclamé comme un symbole de modernité et de leadership chez les Lions Indomptables semble être devenu, au fil des mois, l’un des joueurs les plus contestés du pays.
Le point de bascule remonte à la Coupe du monde 2022, lorsque le portier avait été exclu en plein tournoi, officiellement pour « raisons disciplinaires ». L’épisode, très médiatisé, avait cristallisé les tensions internes et provoqué une fracture durable entre Onana et une partie du public. Son retour ultérieur n’a jamais complètement effacé cette première rupture symbolique. Depuis, chaque apparition sous le maillot national ravive les débats. Ses choix sportifs, son rapport avec les dirigeants, ses absences ponctuelles et certains de ses messages perçus comme maladroits ont nourri un sentiment ambivalent : respect pour son talent, mais exaspération envers sa communication, son égo, ses erreurs à répétition et sa gestion de certaines situations.
Un gardien sous pression permanente
Malgré son statut européen, passé par l’Ajax, l’Inter Milan ou encore à Manchester United, Onana sait que la moindre erreur en sélection lui coûte plus cher que pour n’importe quel autre joueur. Ses performances, scrutées à la loupe, deviennent rapidement matière à polémique, bien plus que celles de ses coéquipiers. Les critiques, souvent exacerbées sur les réseaux sociaux, l’ont progressivement transformé en cible privilégiée. Pour beaucoup, Onana incarne les tensions structurelles du football camerounais. Rapports compliqués entre joueurs et encadrement, attentes surdimensionnées et climat permanent de suspicion, etc.
Cerise sur le gâteau
Non convoqué pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, André Onana est actuellement au cœur d’un tourbillon médiatique qui dépasse largement le cadre sportif. Le portier camerounais, déjà fragilisé par plusieurs épisodes tumultueux en sélection, a ravivé les tensions en multipliant les critiques publiques à l’encontre de Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football. Dans une série de sorties médiatiques, Onana a dénoncé des « dysfonctionnements profonds », des « décisions incompréhensibles » et un climat qu’il juge « délétère » autour des Lions Indomptables. Une prise de parole frontale, inhabituelle pour un joueur encore en activité et qui n’a pas manqué de secouer la fédération.
“Le Cameroun ne dépend d’aucun joueur”
La réponse de Samuel Eto’o n’a pas tardé. Le patron du football camerounais a recadré Onana avec fermeté, rappelant que la sélection “n’appartient à personne” et que “la discipline prime sur toute autre considération”. Il a insisté sur le respect dû à l’équipe nationale et aux décisions du staff. Cette passe d’armes a mis le feu aux poudres, cristallisant une tension déjà ancienne entre les deux hommes depuis les incidents de la Coupe du monde 2022.
Song et Aboubakar enfoncent le clou
Dans ce climat électrique, d’autres voix se sont ajoutées. L’ancien sélectionneur Rigobert Song, acteur central du conflit de 2022, a rappelé que le “n’écoute personne”, pointant son indiscipline qui agace parfois ses coéquipiers. De son côté, Vincent Aboubakar, non sélectionné également pour la CAN, a évoqué “un manque de respect évident” de la part du gardien, regrettant une attitude “qui pèse sur le vestiaire et l’image du Cameroun”. Lorsqu’un coéquipier et un ex-sélectionneur prennent position publiquement, c’est que la fracture est profonde.
Une réputation qui se dégrade au pays
L’opinion camerounaise, déjà divisée, se montre de plus en plus sévère envers le portier. Pour beaucoup, Onana cristallise tous les dysfonctionnements avec son individualisme, sa communication abrupte, son conflit permanent avec l’autorité. D’autres estiment qu’il a raison de dénoncer des pratiques opaques, mais regrettent la manière, jugée trop frontale. Mais il y a une certitude : chaque déclaration du gardien provoque une tempête. Non convoqué, il continue pourtant d’occuper l’espace médiatique, au point d’éclipser la préparation de la CAN.
Quid de son avenir chez les Lions Indomptables
À 29 ans, Onana est à la croisée des chemins. Son avenir en sélection paraît aujourd’hui plus flou que jamais. Réconciliation, retrait définitif, retour forcé après la CAN ? Chaque scénario semble plausible, tant les tensions sont vivaces. Ce qui est sûr, c’est que le Cameroun traverse une crise symbolisée par un joueur devenu, malgré lui ou non, l’épicentre des polémiques. Et tant que le calme ne reviendra pas autour du portier, l’ombre d’Onana continuera de planer sur les Lions Indomptables.
