Le Ballon d’Or est aussi une occasion de reconnaître les mérites des entraîneurs pour leurs performances exceptionnelles. Cette année, Lionel Scaloni, le sélectionneur national d’Argentine, est parmi les nominés pour le titre de meilleur entraîneur de l’année après avoir remporté la Copa America.
Mais s’il y a une absence qui a de quoi attirer l’attention en Afrique, c’est bien celle d’Emerse Fae, vainqueur de la CAN 2023 avec la Côte d’Ivoire. De quoi remettre sur le tapis le manque de reconnaissance vis-à-vis des techniciens africains.
Emerse Faé : Un parcours exceptionnel à la CAN 2023
Emerse Faé a réalisé un exploit remarquable en menant la Côte d’Ivoire à la victoire lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2023. Et ce dans une situation plutôt exceptionnelle avec des Éléphants au bord de l’élimination. Remplaçant de Jean-Louis Gasset remercié en pleine compétition, le technicien ivoirien a pris en main une équipe de Côte d’Ivoire en pleine crise de confiance, dès les huitièmes de finale. Mais sous sa direction, l’équipe des Éléphants a démontré une cohésion et une détermination exemplaires, surmontant des adversaires redoutables pour remporter le titre tant convoité.
Cette victoire est d’autant plus significative que la Côte d’Ivoire n’avait pas remporté la CAN depuis 2015. Faé a su tirer le meilleur de ses joueurs, mettant en place des stratégies efficaces et adaptatives qui ont permis à son équipe de briller sur la scène continentale. Ce fut donc une performance historique pour le technicien ivoirien dont l’absence parmi les nominés pour le prix de l’entraîneur de l’année du Ballon d’Or 2024 est quelque peu surprenante. Ce n’est pas la première fois qu’un entraîneur africain est écarté des plus hautes distinctions individuelles, malgré des performances remarquables.
Walid Regragui : Un autre exemple de reconnaissance manquée
L’exclusion d’Emerse Faé de la liste des nominés pour cette édition du Ballon d’Or n’est pas un cas isolé. Walid Regragui, le sélectionneur de l’équipe nationale marocaine, a également été ignoré lors de la dernière édition, malgré un parcours exceptionnel à la Coupe du Monde 2022. Sous sa direction, les Lions de l’Atlas ont atteint les demi-finales, une performance historique pour le pays et pour une sélection africaine. Regragui a su galvaniser son équipe, leur insufflant une confiance et une discipline qui ont surpris de nombreux observateurs. Il a repris les commandes de l’équipe après avoir conduit le Wydad Casablanca au sommet du football africain en remportant notamment la Ligue Africaine des Champions. Pourtant, malgré ces accomplissements, il n’a pas été reconnu à sa juste valeur sur la scène internationale.
Djamel Belmadi : Une série impressionnante de succès passée sous silence
Djamel Belmadi, l’ancien sélectionneur de l’équipe nationale algérienne, est un autre exemple de la sous-représentation des entraîneurs africains dans les nominations pour les récompenses internationales. En 2019, Belmadi a mené l’Algérie à la victoire à la CAN, mettant fin à une attente de 29 ans pour le pays. De plus, il a orchestré une série impressionnante de 35 matchs sans défaite, un exploit qui témoigne de sa compétence et de sa vision stratégique. Malgré ces succès, Belmadi n’a pas été récompensé par le titre de meilleur entraîneur de l’année, soulignant une fois de plus le manque de reconnaissance pour les entraîneurs africains. On retiendra tout de même sa présence parmi les nominés pour la cérémonie FIFA The Best du meilleur entraîneur de l’année, même s’il n’a pas été récompensé.
Une reconnaissance internationale insuffisante pour les entraîneurs africains
Ces exemples illustrent un problème plus large : la reconnaissance insuffisante des entraîneurs africains sur la scène internationale. Alors que des entraîneurs comme Lionel Scaloni sont justement célébrés pour leurs succès, les réalisations des entraîneurs africains sont souvent négligées. Cette disparité soulève des questions sur les critères de sélection et sur la manière dont les contributions des entraîneurs africains sont perçues et valorisées.
Un biais en faveur des championnats européens ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer le manque de reconnaissance accordé aux techniciens du continent dans les distinctions internationales. Tout d’abord, il existe un certain biais en faveur des championnats européens, considérés comme plus compétitifs et médiatisés. Les entraîneurs évoluant dans ces ligues bénéficient d’une plus grande visibilité et sont donc plus susceptibles d’être récompensés. Parmi les six nominés pour cette édition du Ballon d’Or de France Football, seul Lionel Scaloni n’officie pas en Europe.
Ensuite, les critères de sélection pour le prix du meilleur entraîneur sont parfois flous et sujets à interprétation. La victoire dans une compétition majeure est certes un élément déterminant, mais d’autres facteurs entrent en ligne de compte, tels que les résultats en championnat ou le style de jeu. Or, ces critères ne sont pas toujours appliqués de manière équitable à tous les entraîneurs, notamment ceux évoluant en Afrique. Emerse Fae avec la Côte d’Ivoire, c’est quatre matchs dirigés en tant que sélectionneur principal lors de la CAN 2023. Ce qui pourrait peut-être un facteur qui défavorise, même si le contexte rend encore plus son exploit exceptionnel avec les Éléphants.