Je m’installais dans l’ambiance du derby de Gibraltar quand je croise sur twitter un entretien de Vahid Halilhodzic accordé à So Foot. Du pain béni pour quelqu’un, comme beaucoup de monde certainement, qui n’a pas encore compris la raison de la mise à l’écart de l’entraineur bosnien du banc des Lions de l’Atlas. Surtout que depuis août dernier, aucune des deux parties n’a osé une explication suscitant ainsi l’intrigue parmi ceux-là mêmes qui revendiquaient la tête de Coach Vahid.
Une interview longue qui s’est étendue sur l’ensemble de la carrière de l’enfant de Mostar. Ses passages en clubs, comme joueur et entraineur, ensuite ses aventures souvent malheureuses de sélectionneur. En Côte d’Ivoire, au Japon et récemment avec le Maroc, Halilhodzic a accompli ce qu’il pensait le plus important mais ne savait pas que le plus dur était à faire. Trois qualifications en Coupe du monde qu’il a façonnées de main de maître sans jamais faire partie de la délégation de ces sélections à Allemagne 2006, Russie 2018 et Qatar 2022. L’exception algérienne sauvera un soldat capable de mourir pour ses idées, comme il se plaît à le rappeler chaque fois.
Pourtant, en 2014, Halilhodzic n’était pas certain de voyager au Brésil la FAF avait préparé sa succession (le français Christian Gourcuff avait visité le centre technique national de Sidi Moussa alors que Halilhodzic était en poste) et il a découvert le pot-aux-roses grâce à des fuites organisées sur les colonnes de la presse Algérienne.
A chacune de ses (més) aventures Halilhodzic avait réponse : injonctions politiques de Gbagbo, ingérence des sponsors et beaucoup d’incompréhension entretenu par des médias qu’il n’aime pas forcément.
Avec le Maroc, en tout cas, « j’aurais aimé revivre ce que j’ai vécu avec l’Algérie. Partout où je passe, je suis reconnu comme l’entraîneur des Fennecs, on a laissé une super impression. », déclare le bosnien très « bain de foule », quelqu’un qui aime être porté en triomphe. Quitte à sortir ses petites histoires, son passé à lui, pour exprimer son attitude avec les vedettes.
« Je n’ai même pas regardé la liste du Maroc. Une mère m’a téléphoné parce que son fils n’a pas été appelé, il pleurait. Vous ne pouvez pas imaginer comme c’est dur de faire ces choix. Un joueur qui a fait les qualifs et qui n’est pas appelé, vous pouvez détruire sa vie. Moi, je suis encore traumatisé d’avoir si peu joué en 1982. Il faut un sacré mental pour s’en remettre, tout le monde n’en est pas capable. Même de ne pas faire jouer un joueur irréprochable, c’est dur. Mais celui qui ne travaille pas bien, est indiscipliné, je le fais sortir avec plaisir.», témoigne celui qui ne voulait voir s’installer le règne des Ziyech, Mezraoui, Belhanda etc. dans une équipe du Maroc qui, aujourd’hui, cartonne à Doha notamment grâce aux « bannis ». Sans eux, la Belgique, le Danemark, le Canada et désormais l’Espagne auraient probablement bouffé du Lion.
La FRMF a peut être pris tardivement le risque d’écarter Halilhodzic mais sa décision ne peut être discutable tant que Walid Regragui et ses troupes empilent les performances de légende. Au fait, sur la gestion des égos que le bosnien ne supportait plus, le jeune technicien Marocain aura cette réponse au soir de l’épopée contre la Roja. « Tous les joueurs ne sont pas pareils. Dans le vestiaire de l’Argentine ou du PSG, Messi n’a pas d’égal. Il doit être traité suivant son statut non pas qu’il soit le plus important mais parce qu’il est le meilleur. Chez nous aussi, nous avons des joueurs à personnalité qui viennent avec leur statut et auxquels on ne demande que de tenir convenablement leur statut. »,répondait Regragui à un journaliste marocain qui lui demandait pourquoi il est tant aimé par ses joueurs.
« J’adore Hakim Ziyech, c’est mon petit. Il aurait pu me donner raison ou tort. Le peuple marocain l’a réclamé. Il avait quelque chose à leur donner. Je ne sais même pas pourquoi il a eu des problèmes avec les autres entraîneurs. Il faut lui donner responsabilité et amour. C’est comme Neymar, Mbappé ou Messi. Il me rend tout sur le terrain.», plaide Coach Walid. Un sélectionneur heureux et que l’ambition de remporter la Coupe du monde n’effraie pas. Tel un grand, un bon, un vrai. Coach Vahid était aussi tout ça mais…