Les Etats-Unis s’apprêtent à accueillir la Coupe du Monde 2026. A un an de cet évènement planétaire, le président américain, Donald Trump impose des restrictions d’entrée au pays de l’Oncle Sam et compte même élargir le nombre.
Parmi les pays concernés, figurent ceux africains alors que certains d’entre eux vont participer à la Coupe du Monde. Un traitement que ne mérite pas le continent africain à qui les Etats-Unis sont redevables historiquement.
Atteinte à l’universalité du sport
Restreindre l’accès à des délégations ou à des supporters en raison de leur nationalité s’oppose à l’esprit sportif puisque la Coupe du monde est censée être un événement ouvert à toutes les nations. Mais le président Trump semble balayer d’un revers de la main cet esprit sportif. Si les athlètes et membres de staff technique ne seront pas concernés par le « travel ban » du président américain, il n’en demeure pas moins que les supporters des pays africains visés seront touchés.
En effet, en dépit de l’interdiction d’entrée aux États-Unis pour les ressortissants des pays africains concernés (Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Érythrée, Libye, Somalie, Soudan avec une extension en vue sur l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, le Cameroun, la République démocratique du Congo, Djibouti, l’Éthiopie, l’Égypte, le Gabon, la Gambie, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Libéria, le Malawi, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal, le Soudan du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe), des exceptions sont prévues pour les athlètes, entraîneurs et membres du staff qualifiés pour des événements sportifs majeurs comme la Coupe du monde. En clair, si un pays visé se qualifie, son équipe devrait pouvoir participer sans restriction.
La présence des supporters compromise
Il va de soi que les supporters jouent un rôle clé pour leurs équipes respectives. C’est fort de cette raison qu’ils sont d’ailleurs appelés 12e homme dans les stades. Mais ces restrictions de Donald Trump qui ne font aucune exception aux supporters des sélections africaines dans le collimateur sont de toute évidence un frein à la participation de ceux-ci pour soutenir leurs équipes. L’administration américaine peut choisir d’octroyer le visa à qui elle veut sans devoir rendre compte à qui que ce soit. Et c’est bien là que l’impact est le plus sensible car, les sélections africaines qui seront qualifiées et concernées par les restrictions de Trump pourraient jouer sans le soutien de leur public sur le sol américain.
Le Sénégal a déjà payé les frais
L’équipe féminine sénégalaise de basket a été déjà victime de ces restrictions pour ses préparatifs pour l’Afrobasket. En effet, les États-Unis ont refusé des visas pour un stage de préparation. Ce qui a manifestement un impact sur les préparatifs et illustre les conséquences concrètes de ces restrictions sur les performances sportives des pays africains.
Les Etats-Unis ont une dette symbolique envers l’Afrique
Au-delà de l’esprit sportif, restreindre l’entrée des ressortissants africains aux Etats-Unis, est une stigmatisation, un affront voire un manque de respect pour un continent qui a tout de même historiquement contribué à la puissance du pays de l’Oncle Sam. De l’île de Gorée au Sénégal à la Route des Esclaves au Bénin en passant par le Château de Cape Coast au Ghana et le Musée de l’Esclavage en Angola, l’histoire est encore béante. Cependant, le poids symbolique de Gorée reste immense, car elle incarne la mémoire collective de cette tragédie humaine dont a profité immensément l’Amérique. Par la traite transatlantique, l’Afrique a considérablement contribué au succès économique et culturel des Etats-Unis.
Les siècles sont passés mais les liens continuent d’exister avec une diaspora afro-américaine consciente de ses racines, des initiatives de coopération, des artistes et penseurs qui reconnectent les continents. Il est de ce fait ahurissant de refuser l’accès au sol américain aux citoyens du berceau de l’humanité alors que les liens culturels entre les deux peuples résistent au temps et la distance.