Au moment où les championnats de première et de deuxième division tirent à leur fin, plusieurs langues se délient pour dénoncer une tradition de fraudes qui se vit dans le football Camerounais depuis des années.
Au Cameroun, le chaos s’installe doucement dans les stades. C’est que ces dernières semaines, certains arbitres ont subi des violences inimaginables de la part des supporters. Les deux derniers exemples en date, la semaine dernière, le pire a failli se produireau stade annexe B d’Olembe, une banlieue de Yaoundé. Lors du match comptant pour la 25 eme et avant dernière journée du championnat national professionnel d’Elite 2, opposantAS Lausanne à Rangers de Bafut, l’arbitre central a été copieusement molesté au coup de sifflet final à cause d’un arbitrage jugé catastrophique.
Le même jour au stade Japoma de Douala, l’arbitrage du match opposant Unisport du Haut Nkam à Dynamo de Douala a été sévèrement contesté et le pire a été évité. Selon certaines langues qui commencent à se délier, des consignes auraient été données aux arbitres des deux matchs de favoriser Dynamo de Douala, qui était troisième après AS Lausanne. A la fin des deux rencontres, le club de Douala est passé en deuxième position avec 37 points et devra monter en première division.
Dénonciations
C’est au sein du staff de certaines équipes qu’est venu le courroux. « Nous sommes juste des animateurs du championnat. Aujourd’hui, je n’ai peur de rien et je parle à cœur ouvert. Personne ne me fera rien. Ce que nous sommes en train de vivre dans ce championnat doit s’arrêter. Nous investissons énormément d’argent. On ne peut pas choisir dans un championnat, les équipes qui vont monter [en première division, Ndlr.]. Nous n’allons pas nous laisser faire », a dénoncé à la fin de la rencontre le président d’Unisport du Haut Nkam.
Avant d’ajouter, « je commence à donner raison à mes aînés qui ont créé le désordre dans le temps. Parce que, vous ne pouvez pas justifier ce genre d’arbitrage. Les rumeurs avaient déjà annoncé l’identité des deux clubs qui vont monter en Elite One. Aujourd’hui, nous voyons que cela devient vérité. Est-ce cela le championnat du président Samuel Eto’o ? J’ai honte et j’ai pitié pour le Cameroun. Le Cameroun va tout droit vers la boue » a regretté Donald Ngameni après la lourde défaite de son club face à Dynamo de Douala (3-0).
Des propos qui semblent se confirmer, si on en croit à Moussa Njoya, consultant sportif. Lors d’une émission animée par Cyrille Bojiko, sur les antennes de Radio Balafon, ce dernier a déclaré sans ambages que la « La Fecafoot s’immisce dans l’organisation du championnat et demande à certains arbitres de favoriser certaines équipes ». Cerise sur le gâteau, chaque année, l’on a constaté que plusieurs équipes qui frôlent la relégation font une remontada suspectes, à quelques journées de la fin du championnat.
Pratiques
Un président de club rencontré a expliqué que tout se passe lors des 6 dernières journées. « A partir des six dernières journées on peut déjà connaitre les équipes qui ne sont plus menacées de relégation, celles qui peuvent être reléguées et celles qui peuvent encore gagner le championnat. C’est donc en ce moment que tout se gère. Au niveau des clubs nous avons certainement des clubs amis que nous ne voulons pas voir descendre. Dans ce cas, si nous avons encore un match à jouer contre ce club et que nous ne sommes pas menacés, il est évident que nous allons laisser les 3 points à ce club ami», a-t-il indiqué.
Une autre hypothèse selon la même source est « de négocier avec les arbitres et parfois les joueurs et ça se passe chaque année. On le fait pour les clubs menacés de relégation, on le fait également pour les clubs qui veulent monter en division supérieure, et même pour ceux qui sont bien placés pour gagner le championnat. Sans oublier pour les joueurs qui veulent finir meilleur buteur. N’avez-vous pas remarqué que parfois un joueur finit la saison avec 15 buts. Il marque 5 buts en 18 journées et 10 buts lors des deux dernières journées », a-t-il précisé.
Si ces déclarations sont fondées, l’on pourrait conclure que les championnats au Cameroun évoluent dans une tradition de fraude qui met en mal leur compétitivité. Conséquence, les équipes du Cameroun malgré leur position en championnat local broient du noir au niveau des compétitions africaines.
