A l’heure où les relations franco-algériennes ont atteint un point d’exacerbation sans précédent, deux internationaux algériens viennent de débarquer à Marseille suscitant engouement et rappel de la profondeur des relations entre ces deux pays.
Amine Gouiri, débarquant du Stade Rennais, et Ismaël Bennacer, quittant le Milan AC, sont les grandes attractions du mercato hivernal de l’Olympique de Marseille. Il faut d’ailleurs remonter à bien loin dans l’histoire du club Phocéen pour trouver une trace de la présence de deux joueurs algériens évoluant en même temps, à savoir Brahim Hemdani et Djamel Belmadi qui ont été coéquipiers durant la saison 2000/2001.
Certes, en dehors de ce cas, il y a eu d’autres joueurs, de l’ancien président Ahmed Benbella (1940) à Foued Kadir (2013-2014), en passant par les Karim Ziani (2007-2009), Salim M’hamed Arrache (2006-2007) et autre Aki Bouafia (1987-1988), pour ne citer que ceux-là, mais l’arrivée du duo Gouiri – Bennacer intervient dans un contexte bien particulier de tensions exacerbées entre la France et l’Algérie.
En dehors de la dimension sportive, les drapeaux algériens sont de nouveau de sortie et s’affichent partout dans une ville cosmopolite où la communauté algérienne est bien présente.
Dans une cité où les algériens sont stigmatisés à travers la Mafia DZ, l’un des principaux gangs de la drogue et du crime organisé, la venue du Gouiri et de Bennacer devrait donner une autre image, celle de deux footballeurs, eux-mêmes d’origine algérienne ayant évolué en sélections françaises de jeunes, mais qui n’ont pas caché leur désir de renforcer et de défendre les couleurs nationales.
Comme les Zinedine Zidane, Karim Benzema, Samir Naceri, Louiza Necib ou Kylian Mbappé , footballeurs et footballeuse ayant tous des origines algériennes, qui ont brillé au plus haut niveau et porté l’étendard français, d’autres ont préféré le chemin inverse honorant le drapeau vert et blanc frappés du croissant et de l’étoile rouges.
Gouiri et Bennacer, nés et formés eux aussi en France, sont à leur tour les nouveaux ambassadeurs algériens du club Marseillais et de son stade Vélodrome qui va vibrer davantage, comme ce fut déjà le cas le week-end dernier lors de l’Olimpico au cours duquel l’ex-rennais avait livré une passe D sur l’un des trois buts des hommes de l’entraîneur italien Roberto De Zerbi.
La base de supporters issus de la diaspora algérienne attend avec impatience la rentrée de Bennacer et sa connexion avec Gouiri pour booster le club marseillais dont l’objectif est d’accrocher la deuxième place lui ouvrant la voie pour un retour en Lige des Champions.
Une situation dont profitera probablement la sélection nationale et son sélectionneur Vladimir Petkovic qui prépare une année décisive avec la campagne du Mondial 2026 et la CAN TotalEnergies – Maroc 2025 où l’entente entre ces deux joueurs sera un atout non négligeable.
Depuis l’indépendance, les relations franco-algériennes sont souvent perçues sous le prisme du conflit mémoriel, mais des footballeurs internationaux algériens, loin de toute idéalisation, vont prouver une nouvelle fois que le sport peut dépasser les considérations politiques, à travers tous les’’ bienfaits’’ que la diaspora des footballeurs a toujours apporté au foot français.