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Exclusif – Côte d’Ivoire : Sa carrière, ses ambitions, les Eléphants de Côte d’Ivoire, Marc Zoro se livre

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Ex international ivoirien, Marc-André Zoro faisait partie de la galaxie de joueurs qui ont permis à la Côte d’Ivoire de s’offrir une première participation à une phase finale de Coupe du Monde.

Dans une interview exclusive accordée à AfricaFootUnited, l’ex défenseur des Eléphants de Côte d’Ivoire est revenu sur sa carrière, sa reconversion, ses rapports avec Didier Drogba, les Eléphants de Côte d’Ivoire ainsi que ses ambitions personnelles.

Marc-André Zoro a porté à 22 reprises le maillot de la sélection ivoirienne entre 2003 et 2014 disputant 2 une Coupe du monde (2006) et 2 Coupe d’Afrique des Nations (2006,2008). Retraité depuis juillet 2017, le natif d’ Abobo a disputé en tout et pour tout 311 matchs en club dans sa carrière professionnelle. Il  a évolué notamment à Messine en Italie et au Benfica de Lisbonne.

 AFU: Que vous rappelle la date du 4 septembre 2005?

Marc Zoro « Je pense que C’était à Abidjan.On recevait le Cameroun avec toute sa panoplie de grands joueurs. On avait aussi de la qualité chez nous avec Arouna Dindane, Didier Drogba,Kalou Bonaventure. On arrive à Abidjan pour une semaine de préparation avant le match.On avait deux équipes qui avaient envie de faire la différence. Malheureusement  pour nous, le Cameroun sort vainqueur 3-2 avec des erreurs défensives à notre niveau. On avait un Didier Drogba qui était en feu et qui nous a démontré qu’il était quand même un joueur de qualité et de classe internationale et qui avait inscrit un doublé. Mais on avait été battu. C’est ça également le football. »

AFU: Parlez-nous du 8 octobre 2005?

« Le football, c’est comme la vie. Il ne faut jamais sous-estimer les gens. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Pour moi, le football, c’est une science inexacte. on pense déjà tout avoir, et patatra ça glisse dans nos mains. C’est comme ça que ça se passe. Nous on ne voulait pas regretter. On perd chez nous mais on s’est dit on doit gagner au Soudan. On s’amuse, on rigole. On gagne le Soudan et puis le Cameroun se retrouve éliminé en faisant un match nul en ratant un penalty à la dernière minute. Ce qui fait de nous des participants pour cette première Coupe du monde de l’histoire de la Côte d’Ivoire. »

AFU : Vous vous qualifiez pour la Coupe du monde et cet appel lancé aux autorités politiques ?

Marc Zoro « Le football est un facteur d’union, de diversité de couleur, d’ethnie qui se rassemble. On s’est dit que c’était le moment idéal d’apporter un plus par rapport à ce que la Côte d’Ivoire traversait en ce moment une crise, des malentendus entre nos dirigeants politiques. Et il était de notre devoir de lancer un appel à la réconciliation à ce moment-là. »

AFU: Parlez-nous de vos débuts en club?

Marc Zoro « Je pars de la Côte d’Ivoire n’étant pas footballeur. J’avais les études en tête puisque pour ma mère, je devrais être un médecin, un docteur, un médecin militaire. On se retrouvait souvent dans les quartiers, on jouait les petits tournois qu’on appelait comité.Mes amis me trouvaient bon,  un jour, un ami m’a vu et il a dit écoute, il y a des personnes qui viennent voir des joueurs taper dans le ballon. Si tu pouvais venir ce serait bien. j’y vais et l’agent me fait partir en Italie.J’arrive à la Saliterna, je découvre un autre environnement. parce que j’étais dans un quartier précaire à Abidjan qu’on appelle abobo. J’arrive dans un milieu qui n’est pas le mien. je commence à côtoyer des joueurs comme Gattuso, Marco Di Vaio,ça me stimule , ça me donne envie de rester, d’avoir cette carrière footballistique. J’oublie toute suite ce que ma mère me disait et je m’intègre dans un championnat qui en son temps était le meilleur en Europe, parce qu’il y avait tout les grands joueurs: Totti, Delvecchio, Del Piero, Zinedine Zidane,alvaro Recoba, Zamorano, Battistutta, Buffon. Tous les dimanches on devait croiser une panoplie de stars et pour moi c’était quand même un challenge. Depuis mon abobo natal,je voyais ses stars mondiales exploser la télévision mondiale, Je me frotte à eux .Et c’est ce chemin qui m’a amené à être ce que je suis aujourd’hui. »

AFU: Au Benfica de Lisbonne, avez-vous eu des malentendus avec l’entraîneur espagnol, José Camacho?

Marc Zoro « avec Camacho, on avait un très bon rapport. Quand j’arrive au Benfica, c’est Camacho qui était là. J’avais plutôt un souci avec la direction de Benfica. C’est José Vega qui me fait venir au Benfica. Quand il part, c’est la nouvelle direction qui a pris le club en main qui a changé les choses. Les joueurs qu’il n’avaient pas fait venir étaient indésirables pour eux, et donc on était obligé d’aller en prêt et tout ça.C’était quand même des moments assez particuliers. Benfica était un grand club , donc joué la Champions League, faisait partie de mes ambitions mais il y a un proverbe qui dit dans le coeur de l’homme, il y a beaucoup de projet mais seule la volonté de Dieu s’accomplit donc pour moi , c’était le chemin tracé par Dieu »

AFU: Contrairement à certains anciens joueurs, vous vivez plutôt bien?

Marc Zoro  » Je vis selon mes moyens. J’ai pas eu l’occasion de gagner l’argent que Drogba et Yaya Touré ont gagné mais je me plein pas. Je vis aisément; J’essaie de m’adapter à la vie que je mène et aux ambitions que j’ai aujourd’hui de pouvoir aller apporter un plus dans le football de mon pays »

AFU: Quels sont vos rapports avec Didier Drogba?

Marc Zoro « Didier c’est d’abord tout un coéquipier. On a passé douze ans ensemble en sélection de Côte d’Ivoire.On n’a eu de très bons rapports quand on jouait. C’est un joueur que j’admire beaucoup parce que lui et Didane étaient les fer de lance de la sélection. C’est sur eux qu’on comptait pour gagner. Je l’ai vu depuis ses débuts en sélection qu’il s’est beaucoup battu et après on a tissé cette amitié avec la vision qu’on a eu par rapport aux élections de la FIF.

AFU: Quel regard portez-vous sur l’organisation de la LIgue 1 ivoirienne par la Ligue Professionnelle de Football?

Marc Zoro: « Le championnat se joue en milieu de semaine donc il y a pas d’affluence de monde, les gens ne s’y intéressent pas en semaine donc il faut faire reprogrammer les matchs en week-end. j’estime que le public sera là puisqu’ils n’ont pas d’occupation en week-end. Aussi, il faut amener le football ivoirien dans les régions.Que Korhogo rentre chez lui, que San Pedro rentre chez lui. Que Yamoussoukro rentre chez lui pour que les populations puissent être en contact avec leurs équipes. Il faut aussi changer le statut des joueurs. Une fédération ne peut pas être riche et puis les vrais acteurs sont pauvres. C’est dommage. Il y a beaucoup de choses à faire mais je félicite la Ligue professionnelle de football qui fait des efforts. »

AFU: Est-ce qu’on peut envisager une candidature de Marc Zoro à la présidence de la FIF lors du prochain congrès?

Marc Zoro « ça sera trop prématuré mais ce n’est pas quelque chose que j’exclus. J’ai l’ambition de devenir président de fédération dans 5 ans, je le prévois sérieusement, à condition que mon ami et frère ne se présente pas. je le ferai . Que Dieu nous donne la santé parce que celà fait partie de mes ambitions « 

AFU: Quels sont vos rapports avec Idriss  Diallo?

Marc Zoro « Idriss Diallo c’est un père pour moi.C’est quelqu’un avec qui j’ai de super rapports.On se parle souvent. On se voit quand j’ai besoin de lui, la porte est ouverte. il m’a jamais fermé la porte. Mais celà n’exclut pas le fait que je dois travailler, j’ai des ambitions pour le football ivoirien »

AFU: Que penses-tu de la gestion de Diallo?

Marc Zoro « Quelqu’un qui gagne une CAN, c’est qu’il a une bonne gestion. Sincèrement je pense qu’il est à féliciter parce qu’ il s’est battu corps et âme pour pouvoir gagner cette élection. Et vous savez, 90 pour cent de la population était à notre guise (Liste de Didier Drogba). Mais il n’a pas regardé ça. Il s’est battu, il a mis tous les moyens à sa disposition. il a mis son équipe autour de lui et il a gagné cette élection. Donc pour moi, il est à féliciter.Il donne l’envie de se battre, il donne l’envie d’espérer, il donne envie »

AFU: Est-ce que la CAN 2023 remportée par les Éléphants vous parle toujours?

Marc Zoro « Cette 3e étoile me parle toujours.Moi je dis, le football est une science inexacte. il n’y a pas de mathématiques en football. La Côte d’ivoire qui commence d’une manière boiteuse, se retrouve en finale et gagne la CAN. On a vécu plusieurs émotions pendant cette CAN. On marque des buts à la 89e minute. On joue en infériorité numérique contre le Mali, qui est une révolution du football actuellement , on bat le Mali à la dernière minute. On passe des ténèbres à la lumière et on voit des joueurs qui se transcendent. C’était l’émotion à plusieurs dimensions. C’est inexplicable, on avait plus de voix. On était des consultants mais à un moment on était des patriotes, des ivoiriens qui ont vu les joueurs nous donner cette joie. Une joie immense, inexplicable. Je vous dis sur ces 30 dernières années, c’est les meilleurs moments de foot en Côte d’ivoire. « 

AFU: La Côte d’ivoire peut-elle conserver son titre de champion d’Afrique?

Marc Zoro « Déjà ils ont un entraîneur qui est très intelligent. Un entraîneur qui a des ambitions. Qui a un bon esprit. Quand il est arrivé il a remis en scelle des joueurs comme Seri jean Michaël,il a même mis Franck Kessié sur le banc.ça c’est un entraîneur parce qu’il a du cran. il souhaite que ses joueurs arrivent à un certain niveau. Donc pour moi, il va continuer à leur donner cette capacité à aller encore plus vers l’avant. Mais désormais, toutes les équipes feront attention à la Côte d’Ivoire.Chaque match que la Côte d’Ivoire va livrer sera un match de feu, une finale. Donc c’est à eux de faire très attention, c’est à eux de garder l’esprit et de tout faire pour garder le titre de champion d’afrique. »

« L’humilité nous a manqué pendant ces deux derniers matchs et ça a mené la Côte d’ivoire a se réveiller et à s’asseoir par terre pour se remettre en cause »

AFU: Entre votre génération et l’actuelle des Éléphants, quelle est la plus forte?

Marc Zoro  » Ils ont du talent. ils sont super bons. La preuve en est,ils ont gagné la Coupe d’Afrique. Mais la preuve en est, ils ont gagné une Coupe d’Afrique mais on avait une génération pas possible. Pour moi, c’est la meilleure des génations. La génération qui peut rivaliser avec nous, c’était celle de 1994, celle de Henri Kasperczak, c’était une superbe génération. Une équipe qui faisait rêver. On avait Ahmed Ouattara, Tiehi joel, alain Gouamené etc .Mais notre génération est la meilleure. Même le banc faisait peur. On avait Koffi N’dri Romaric, Bakhi Koné. Au milieu de terrain, on avait Zokora, Yaya Touré, Romaric, Gilles Yapi Yapo. En attaque, on avait Arouna Koné qui jouait même pas parce que Didier était là. Baki koné, Bonaventure Kalou, c’était la classe, on avait une très belle équipe. »

AFU: avez-vous des regrets par rapport à la Coupe du monde 2006?

Marc Zoro « C’était notre premier mondial. On a pas cru qu’on pouvait faire beaucoup de choses C’est quand on joue contre la Hollande notre premier match, on perd 2-1.Et quand on rentre on voit qu’on peut mieux faire. On a constaté qu’on peut mieux faire. Ce n’était pas la poule qui était effrayante mais on n’y a pas cru. « 

AFU: Que pensez-vous du calendrier international et du nombre important de matchs?

Marc Zoro « Le football aujourd’hui est une industrie donc, il est géré comme une entreprise. on cherche toujours à faire des profits donc on essaie d’innover.C’est le fait d’innover qui fait qu’on se retrouve avec une panoplie de matchs, une panoplie d’équipe parce qu’il  y a plusieurs sponsors qui viennent. Donc les joueurs sont obligés de s’adapter. Aujourd’hui en Ligue des champions, c’est une poule unique avec plusieurs équipes, je pense que le fait d’innover fait partie de la modernisation.

AFU: Le calendrier international  affecte les compétitions  africaines. Quel regard portez-vous sur cette situation?

Marc Zoro : « C’est dommage, on a parlé plusieurs fois mais il n’y a pas eu de changements, on n’a pas crié mais rien . C’est la vie qui est comme ça. Il y a toujours un dessus, et un dessous et nous en faisons partie . Il faut faire avec, je pense que les choses vont changer avec le temps. »

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