Dans le cadre de sa 481ème lettre hebdomadaire, l’Observatoire du football CIES présente les bilans financiers des opérations de transfert effectuées lors de la dernière décennie par les clubs des principales ligues dans le monde.
Alors qu’une consultation a été ouverte suite aux changements règlementaires demandés par la Cour de justice de l’Union européenne dans le cadre de l’affaire « Diarra », la 481ème Lettre hebdomadaire de l’Observatoire du football CIES présente les bilans financiers* des opérations de transfert effectuées lors de la dernière décennie par les clubs des principales ligues dans le monde.
L’analyse donne à voir le statut à part de la Premier League en tant que pourvoyeur de fonds pour les équipes du monde entier.
Les clubs de la première division anglaise ont en effet cumulé un déficit net de €11,6 milliards lors des dix dernières années, nettement plus que les deux autres championnats présentant les bilans les plus négatifs : la Saudi Pro League (- €1,8 milliards) et la Serie A italienne (- €1,5 milliards).
À l’opposé, la compétition dont les clubs ont financièrement le plus bénéficié des opérations de transfert est la Primeira Liga portugaise (+ €2,4 milliards), qui devance l’Eredivisie néerlandaise, le Brasileirão et le Championship anglais (autour de + €1,5 milliards dans les trois cas).
L’éventuelle baisse future des indemnités de transfert pourrait donc principalement affecter les équipes de ces championnats.
* Les sommes évoquées incluent les indemnités de transfert fixes, les éventuels bonus (indépendamment de leur payement effectif), ainsi que les sommes versées dans le contexte de prêts payants. Dans la limite des informations disponibles, les données sur les recettes prennent aussi en compte les sommes négociées pour une revente.
Il est utile de préciser que l’Analyse économique globale du marché des transferts (2015-2024) a été menée par les Dr Raffaele Poli, Loïc Ravenel et Roger Besson
Ce rapport analyse les investissements en indemnités de transfert effectués par les clubs à l’échelle globale lors de la dernière décennie. Le premier chapitre dévoile l’évolution des sommes engagées par les équipes, tant au total que par ligue, ainsi que les bilans nets des opérations de transfert à ce dernier niveau. Le deuxième chapitre se focalise sur les clubs dans une triple perspective : les dépenses, les recettes et les bilans.
Les chiffres publiés incluent les indemnités de transfert fixes, les éventuels bonus (indépendamment de leur payement effectif), ainsi que les sommes versées dans le contexte de prêts payants. Les montants négociés dans le cadre de prêts avec obligation d’achat sont inclus dans le décompte pour l’année du transfert (y compris pour les obligations activables à des conditions faciles).
Dans la limite des informations disponibles, les données sur les recettes prennent aussi en compte les sommes négociées pour une revente. En ce qui concerne les échanges de joueurs, seuls les soldes monétaires éventuels ont été pris en considération. Toutes les sommes ont été converties en euro au taux de la date du transfert.
Investissements et bilans par ligue
Les investissements des clubs en indemnités de transfert ont atteint un premier pic en 2019 (€9,99 milliards), pour ensuite baisser dans le contexte de la crise sanitaire et remonter à €12,24 milliards en 2023. Malgré une baisse de 10% par rapport à l’année précédente, le montant atteint en 2024 est le deuxième le plus élevé (€10,96 milliards).
Les clubs des cinq grandes ligues européennes se taillent la part du lion sur le marché des transferts. Lors de chacune des dix saisons analysées, la proportion de leurs dépenses a toujours été proche ou supérieure aux deux tiers, avec néanmoins une petite baisse en 2023 et 2024. Cette diminution s’explique en premier lieu par la montée en puissance de l’Arabie Saoudite (surtout pour 2023) et le tour de vis financier en Espagne.
Avec €23,02 milliards de dépenses lors de la dernière décennie, la Premier League anglaise se détache nettement (28,1% du total), suivie par la Serie A italienne (10,84 milliards) et les trois autres championnats du big-5 (entre €7 et €8 milliards). Les autres ligues sont nettement plus distancées, avec le Championship anglais sixième (€2,55 milliards) et la Saudi Pro League (€2,09 milliards) en tête de liste parmi les ligues extérieures à l’Europe.
Le bilan net des opérations de transfert des vingt ligues dont les clubs ont engagé le plus d’argent lors des dix dernières années varie entre un maximum de +€2,34 milliards pour la Primeira Liga portugaise et un minimum de -€11,54 milliards pour la Premier League anglaise. Grâce aux transferts vers ce dernier championnat, le Championship anglais (+€1,50 milliards) présente le deuxième meilleur bilan, juste devant l’Eredivisie et le Brasileirão. À l’opposé, derrière la Premier League, on trouve la Saudi Pro League (-€1,81 milliards).
Investissements et bilans par club
À l’échelle des clubs, Chelsea sort nettement du lot du point de vue des dépenses lors de la dernière décennie (€2,78 milliards). Il s’agit d’un montant de 42% supérieur aux deuxièmes clubs ayant le plus investi, Manchester City et Manchester United. La moitié des équipes aux vingt premiers rangs fait partie de la Premier League anglaise, les autres participant aux championnats du big-5 restants (quatre clubs italiens, trois espagnols, deux français et un allemand).
En intégrant à l’équation les revenus tirés des transferts, Manchester United présente le bilan le plus négatif lors de la dernière décennie (-€1,304 milliards), suivi par Chelsea (-€1,21 milliards) et le Paris St-Germain (-€991 millions). Douze clubs anglais figurent parmi les vingt équipes avec les soldes monétaires les plus négatifs sur les opérations de transfert de la dernière décennie. Le Real Madrid n’est que 25ème (-€304 millions).
Plusieurs équipes hors big-5 figurent aux vingt premières places du classement des clubs avec les bilans les plus positifs dans les opérations de transfert des dix dernières années. Benfica (+€816 millions) est nettement en tête. Les Portugais devancent deux autres clubs européens extérieurs aux cinq grands championnats : Ajax (+€473 millions) et RB Salzburg (+€401 millions). Le LOSC Lille est premier parmi les équipes du big-5 (+€391 millions) et Athletico Paranaense au niveau des clubs non-européens (+€200 millions).
Le club avec le bilan le plus négatif sur les opérations de transfert de la dernière décennie, Manchester United, a réalisé un déficit lors de chacune des dix années analysées. À sept reprises au total et lors de chacune des cinq dernières années, le solde négatif a même dépassé les €100 millions, avec un record de négatif de -€234 millions en 2022.
A l’opposé de Manchester United, les opérations de transfert de Benfica ont généré un solde positif lors de neuf des dix années analysées, la seule l’exception étant 2020 avec un différentiel proche de zéro. Les gains annuels ont même dépassé les €100 millions à quatre reprises, avec un record de €161 millions en 2019, grâce notamment au transfert record de João Félix à l’Atlético Madrid.
Conclusion
Malgré une baisse de 16% par rapport à l’année record de 2023, le montant des indemnités de transfert investies par les clubs mondialement est resté à un niveau très élevé en 2024 : €10,96 milliards. Il s’agit de la deuxième valeur la plus haute jamais enregistrée, avec même un nouveau record pour les transferts nationaux (€3,63 milliards).
La Premier League est de loin le championnat réunissant les équipes les plus actives sur le marché des transferts. Leurs investissements représentent 28% du total de la dernière décennie, un pourcentage qui dépasse les deux tiers en prenant en compte les cinq grandes ligues européennes. Une baisse dans l’importance relative des dépenses des clubs du big-5 a néanmoins été observée depuis 2023 et la montée en puissance de l’Arabie Saoudite.
À l’échelle des clubs, Chelsea sort nettement du lot avec €2,78 milliards engagés en indemnités de transfert lors de la dernière décennie, 42% de plus que pour les deuxièmes clubs les plus dépensiers, Manchester City et Manchester United. Ce dernier club présente par contre le bilan net le plus négatif (€-1,30 milliards) et Benfica le plus positif (+€816 millions). Source CIES